Pourquoi Nonna, sa grand-mère, ne chante-t-elle jamais qu'en italien ? Parce que la vieille dame est née en Italie. Elle raconte : son père, ouvrier cultivé, chantait des chants révolutionnaires. En 1922 arrive Mussolini au pouvoir ; il perd son travail, les Chemises noires à la solde du Duce lui mènent la vie dure. Il ne plie pas? Ils s'en prennent alors à sa fille, Nonna, un soir où elle revient de l'école, dans sa robe rouge. L'histoire est véridique : la fillette brutalisée, humiliée et terrorisée a existé ; ainsi que l'exil vers la France loin des fascistes. Sur cette terre d'asile où s'est construite une autre vie, la nostalgie irrigue le langage de Nonna truffé de mots italiens et le répertoire qu'elle fredonne à sa petite-fille. La tendresse baigne ce récit douloureux, devoir de mémoire et condamnation du totalitarisme. Les illustrations donnent corps aux scènes de violence, sans en édulcorer l'horreur : chiens aux yeux ensanglantés, ombres projetées sur le sol. S'y opposent, dans les pages consacrées à la fillette, le rouge de la résistance et les fleurs qui évoquent le Chant du partisan cité et traduit en dernière page. (source : les-notes.fr)