À Copenhague, ce garçon brillant de milieu petit-bourgeois apprend l'allemand pour pouvoir lire Marx. Facilement amoureux, vite déçu, il peine à s'engager. La mort de sa mère et le remariage de son père l'éloignent de sa famille. Il renonce à une carrière universitaire pour enseigner en collège. Un beau mariage : le bonheur ? Éphémère car le couple se sépare. Libre désormais, il mène une vie routinière, solitaire, égayée par les visites de sa fille Julie et des liaisons passagères. Ses soixante ans, à Rome, sont l'occasion d'une prise de conscience. Jeunesse, maturité, vieillesse : c'est le portrait, à la première personne, d'un homme à travers trois âges de la vie, présent et souvenirs emmêlés, créant savamment une continuité. D'une intransigeante lucidité, le héros change imperceptiblement au fil des ans. Ses coups de coeur, ses aspirations imprécises, laissent place à un détachement désabusé mais nostalgique. Sans lien durable, sauf avec sa fille, il laisse les autres décider pour lui, ne s'intéressant qu'aux questions, pas aux réponses. Nuancée, pleine de subtilité, l'écriture de Jens Christian Grøndhal (Les complémentaires, NB décembre 2013) est prenante. Ce beau roman intimiste et introspectif reflète des sentiments universels et laisse sur une impression douce-amère. (L.G. et M.-N.P.) (source : les-notes.fr)